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Peinture et art contemporain II/II

Jean hélion 1975, La Chute, acrylique sur toile
Jean Hélion, "La Chute", 1975, acrylique sur toile, 100 x 81 cm

Une peinture ne devrait-elle pas se suffire à elle-même, ne rien perdre de son intérêt hors de son parcours d’exposition, ne pas se résumer à une idée ; être autonome dans l’espace, pouvoir être déplacée ; être autonome dans le temps, gagner en profondeur avec les années, quand elle s’est s’éloignée de l’actualité ?

Dans ce cas, elle se prête mal à une commercialisation internationale rapide : les œuvres sont généralement plus rares, avec de grands écarts de valeur de l’une à l’autre.

Les galeries et les responsables des institutions n’ont pas tous, loin s’en faut, la même conception de l’art, ce qui offre l’avantage d’élargir l’éventail des propositions et de s’adresser à des publics différents.

En ce qui nous concerne, je reste persuadé que la peinture (à laquelle nous assimilons dans ce texte les dessins aboutis et les collages) n’est pas un médium interchangeable avec d’autres. Elle a ses propres exigences, y compris de regard.

Pour être durable, son retour dans la création contemporaine ne peut faire l’impasse sur ce qui lui a permis de traverser les siècles et qui doit se découvrir par chacun d’entre nous, progressivement.

Les œuvres démonstratives sont rarement celles qui s’avèrent, avec le temps, les plus riches de sens. La qualité d’une peinture ou d’un dessin se détecte moins à son message qu’à sa force de vie et à sa capacité à générer un dialogue intime. Or ne restent vivantes que les créations, à l’exclusion du clonage, de la répétition ou de la fabrication à partir d’œuvres d’autres artistes, parfois acceptés dans la création contemporaine.

Tous les arts plastiques, nouveaux médiums compris, nécessitent une pensée vivante, une compréhension de l’époque au-delà des clichés, une solide culture. Un artiste est aussi un penseur. Si, quand on le fréquente, il n’a rien à dire qui fasse réfléchir, quelque soit son talent, il vaut mieux laisser tomber.

Mais c’est la peinture qui me semble la plus apte à susciter durablement, avec une intensité croissante, l’émotion de moments privilégiés où la sensibilité rejoint la pensée, où nous ressentons plus fortement notre existence.

Au delà du plaisir incommensurable qu’elle procure quotidiennement, de sa capacité à continuer à se dévoiler et à étonner, elle conduit à des mots, à des interrogations existentielles, nous aide à nous approprier des siècles de culture, à comprendre notre époque et le monde qui se dessine. Cf. Réquichot, Hélion, Deux, Godeg… ou bien, parmi les peintres allemands actuels, Neo Rauch, Baselitz pour qui l’art ne contient pas d’information; il n’est pas utilisable autrement que par la contemplation.

La peinture reste un art irremplaçable, profond et stabilisateur, qui peut apporter beaucoup, particulièrement aux amateurs qui ont la chance de vivre avec des œuvres.

Voilà ce qui nous guide à la galerie, autant pour notre relecture du XXème que pour l’analyse des nouvelles créations.

A.M.

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