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JEAN BAZAINE
Ses œuvres tardives donnent raison à Jean Bazaine : en art, la jeunesse est un don qui s’acquiert patiemment, à mesure que l’homme vieillit. L’esprit naît vieux.
Pendant la guerre, Bazaine est passé de la figuration à l’abstraction, une abstraction non pas géométrique, comme celle qu’a abandonnée Hélion, mais plus proche de la nature, plus précisément de l’énergie qui donne vie à la nature et aux éléments, nous relie à eux et nous place dans le cycle d’un monde en devenir dans sa mobilité même.
Dessiner d’après nature, c’est simplement pour moi incorporer par la main, plus profondément que par la vue, ses rythmes, ses forces, des structures, les faire miens.
Ses œuvres révèlent des apparitions fulgurantes, une énergie qui sature l’espace au delà des formats, sans en toucher les bords ( à la différence du « all over »).
Elles respirent la fluidité, la mer, l’air, expriment un flux incessant, une vie en devenir, un élan de vie spirituelle, à la recherche d’une co-présence du monde et de soi.
Proche de Bergson, de Proust et de Merleau-Ponty, Jean Bazaine est à la recherche de l’épiphanie de « paysages-événements », de ces moments privilégiés où la sensibilité au beau et la réminiscence d’émotions profondément ressenties rejoignent la pensée.
PERSONNELLES & collectives

1904 : Naissance de Jean Bazaine à Paris
1921 : Découverte de « L’évolution créatrice » de Bergson.
1932 : Première exposition individuelle à la galerie Jeanne Castel. Rencontre Bonnard qui l’encourage et qu’il reverra souvent. Puis parmi les autres peintres avec qui il sera lié : Braque, Jacques Villon, Léger, Miro, Giacometti.
1936 : Premier séjour de Bazaine à Saint Guénolé en Bretagne, où il retournera chaque année.
1939-41 : Mobilisation. « Pendant la guerre je n’étais plus en face du monde, mais dans un au-dedans, non plus devant un monde regardé, et, dans le meilleur des cas, contemplé, mais dans un monde subi, absorbé. J’étais mêlé à l’homme et à ses racines profondes, lui-même devenu méconnaissable parce que porteur de nouvelles dimensions. » Sa peinture prendra une autre direction, de moins en moins figurative, de plus en plus abstraite, en immersion, à la recherche de liens profonds avec la nature.
1941 : Démobilisation.
Exposition à la galerie Jeanne Bucher. Jean Bazaine organise le premier accrochage de l’avant-garde française sous l’occupation, à la galerie Braun.
1942-47: Expositions à la galerie Louis Carré.
Début d’une grande amitié avec deux poètes : Frenaud et Jean Tardieu.
Réalisation des vitraux de l’église du plateau d’Assy, puis des vitraux et mosaïques de l’église d’Audincourt.
1945 : Destruction par un incendie de la quasi totalité des œuvres de Bazaine.
1946 : Exposition à Amsterdam, au Stedelijk museum.
1948 : Publication de « Notes sur la peinture d’aujourd’hui ». Participation à la Biennale de Venise.
1949 : Première exposition de Bazaine à galerie Maeght, Paris, où il exposera régulièrement.
1950 : Galerie Blanche, Stockholm
1952 : Voyage et conférences aux États-Unis.
1952-53 : Voyage en Espagne. Découverte des peintres primitifs, de paysages qui changeront pour quelques temps sa palette, deux ans plus tard.
1952-64 : Plusieurs voyages.
1956 : Premier séjour de Bazaine en Zélande (Pays-Bas).
« Cet univers de terre et d’eau aux formes répercutées à l’infini, comme un jeu de miroirs, amena un morcellement de mes espaces, imbibés d’eau, et le surgissement de couleurs qui font de cette période comme un monde à part dans ma peinture. »
1959 : Rétrospectives à la Kunsthalle de Berne, au Stedelijk d’Amsterdam, à l’Abbemuseum de Eindhoven. Participation à la Documenta de Cassel
1961 : Conférences à Moscou très suivies malgré les menaces des autorités.
1963 : Rétrospectives à Hanovre, Zurich et Oslo.
1965 : Rétrospective au musée d’art moderne de Paris. Début des vitraux de Saint Séverin. Exposition à la galerie Louis Carré.
1972 : Rétrospective au musée de Metz
1973 : Publication de « Exercice de la peinture ».
1976 : Création avec le peintre Manessier de l’association pour La défense des vitraux de France
1977-80 : Aquarelles et projets monumentaux.
1982 : Rétrospective au musée de Quimper
1984 : Rétrospective au musée d’Unterlinden à Colmar.
1984-87 : Vitraux de la cathédrale de Saint-Dié, mosaïque pour le palais du Luxembourg, décoration de la station de métro Cluny.
1987 : Rétrospective à la fondation Maeght 1990 : Rétrospective au Grand Palais
1991 : Exposition à la galerie Louis Carré
1995 : Mosaïques pour l’église de Saint Guénolé.
1996 : Exposition au musée Toulouse Lautrec d’Albi et au musée de Fribourg, en Suisse
2001 : Mort de Jean Bazaine à Clamart , à 97 ans, après une dernière journée de travail à l’atelier. La vie d’un peintre c’est à rebours qu’elle se déroule, le peintre naît vieux, avait-il écrit, des années auparavant.