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Les chevaux qui passent

Zoran Music, "Cavallini", 1948, Huile sur toile, 25 x 35 cm

Nous avons réuni quatre petites peintures de Zoran Music, réalisées entre 1948 et 1951. Elles proviennent d’une importante collection vénitienne. On en détache difficilement le regard. Elles semblent venir de loin, de l’origine de l’humanité. Et pourtant, elles nous plongent au cœur d’un présent.

L’artiste n’aurait sans doute pas survécu dans les camps, s’il n’avait guetté une lueur de beauté, entre-aperçue sur les amoncellements de cadavres qu’il dessinait en cachette, avant probablement son tour.

Libéré et rétabli, il lui a fallu respirer à pleins poumons poésie et beauté, selon ses propres mots. Il les a cherchées dans les régions de son enfance, en Dalmatie. Des images se sont imposées à lui.

Le support n’a rien de séduisant : un bout de toile de jute contrecollée, sans préparation. On voit les grains de la toile.

L’absence d’apprêt renforce le côté pariétal de ces peintures, comme si elles surgissaient des grottes de la préhistoire. Les couleurs sourdent.

Dans l’œuvre reproduite ci-dessus, les chevaux qui passent s’avancent, s’allongent, érigent une tête redressée de gondoles vénitiennes, sous la féminité de deux collines, dômes de l’Orient, de la basilique Saint-Marc. Paysage, architecture et désirs amoureux fusionnent.

Dans la peinture ci-dessous, Cavallini, 1951, un couple qui semble inscrit dans le paysage, sous l’ombrelle inquiétante de deux collines noires, contemple des chevaux qui avancent et disparaissent dans la poussière légèrement colorée. Au centre, sur l’arrière flanc d’un cheval, un rouge dense illumine, comme un coucher de soleil qui s’éteint dans le ciel. L’écriture de la signature et de l’année accompagnent le rythme des pas.

A.M.

Zoran Music, "Cavallini", 1951, Huile sur toile, 31 x 48 cm

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