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Regard sur Karl Godeg

Karl Godeg, Sans titre, 1962, huile sur toile, 129 x 88 cm

Un paysage pictural de Karl Godeg qui se prête à la méditation

Il est des tableaux très difficiles à photographier, que l’on ne peut vraiment analyser qu’en face, à condition de les regarder attentivement et longtemps. Les points de vue et détails de cette peinture d’or de Karl Godeg s’ouvrent et se ferment suivant les changements de lumière qui modifient en permanence les tonalités, l’atmosphère, et même les allusions figuratives. Il s’agit presque d’un idéal de peinture pour tous ceux qui souhaitent vivre durablement avec leurs œuvres, la pensée active, les sens en éveil sans jamais en faire le tour.

Tentons tout de même une première approche. Les explications des historiens d’art par rapport au tachisme ou à l’informel des années 50 n’entrent pas dans le cœur de l’oeuvre.

Il est plus important d’observer cette peinture aux différentes lumières du jour, en variant les intensités lumineuses le soir, voire avec une seule bougie : des formes semblent alors sortir du tableau. Les couleurs qui, dans une atmosphère terne, pourraient paraître vieillottes, s’illuminent.

Il n’y a pas de noir comme dans le tableau que nous avons commenté fin juillet, avant les vacances, mais du vert plus ou moins sombre et moussu ou cru pour donner du rythme, avec un peu d’ocre orangé, le tout plus ou moins transfiguré par de l’or plus ou moins brillant, plus ou moins mat.

On se sent dans un monde souterrain, celui d’une grotte verticale et profonde, où pourrait s’écrire notre origine et notre destin. Des coulures d’humidité suintent, s’égouttent, deviennent des racines nourricières qui drainent et absorbent l’eau, celle du lac immobile au bas de la peinture. Elles drainent aussi de la lumière qu’elles vont infuser, à rebours, en s’élevant. On gravit des roches striées, un paysage d’eau et de rochers, de montagnes, des suggestions de forêts, des chemins pentus.

Des anthropomorphismes naissent, non pas du hasard mais de la volonté du peintre, peut-être, en haut, un couple qui s’embrasse mais dont la silhouette transparente rend très vite sa place au paysage, peut-être aussi des « esprits » des grottes et des montagnes. La métamorphose est à la fois permanente et sous contrôle pour éveiller la pensée sans l’enfermer dans l’imagination du peintre.

Une autre approche possible apparaît, sur le grand aplat d’or mat, centré vers le haut du tableau. Ne serait-ce pas un portrait, ou plus précisément un autoportrait qui saurait s’effacer pour nous laisser dans un face à face direct avec les éléments : minéraux, pierre, or, émeraude, eau et lumière? Ou encore, une allusion au voile de Véronique?

Plus qu’un paysage intériorisé, il s’agit d’un paysage pictural qui se prête particulièrement à la méditation.

A.M.

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