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Regard sur Jean Hélion

Jean Hélion, Autoportrait, 1953, fusain et huile sur toile, 55,9 x 45,7 cm

Un autoportrait de Jean Hélion au plus près du réel

Cette peinture et fusain sur toile est d’une facture classique, si ce n’est le refus des couleurs. De même, aucun attribut de peintre dans cet autoportrait, ni pinceau, ni chevalet, seulement un peu de peinture blanche sur son front, ses cheveux, quelques traces de bleu sur le col, l’accompagnement de quelques traits de fusain en fond. Le visage est modelé, avec une précision étonnante. On le sent vivant, en face de nous, qui nous regarde avec attention.

Hélion s’est peint comme nous pourrions le voir, comme lui-même a pu s’observer dans un miroir. Le refus des couleurs n’est pas anodin : il ne veut pas être coloré, hormis quelques traces de son activité, pour souligner que ce ne sont pas ses états d’âme qu’il peint.

Il fait abstraction de son psychisme pour mieux absorber ce qu’il voit autour de lui. Aucune déformation expressionniste donc, au contraire d’un Macréau ou d’un Arthaud, aucune expression d’une réalité intérieure comme dans les autoportraits de Fred Deux, au contraire un visage modelé au plus près, observé dans un miroir.

Il est alors proche de la cinquantaine, n’est guère compris que par quelques peintres amis qui viennent souvent dans son atelier, Giacometti, Balthus ou un poète comme Francis Ponge engagés comme lui dans une quête du réel.

Hélion se révèle mince, énergique. Sa bouche est à la fois sensuelle et volontaire. Rien ne le fera dévier de sa route. Cet autoportrait est celui d’un regard qui scrute lucidement. Le peintre est celui qui voit, la peinture ce qui nous apprend à voir et à penser ce que nous voyons.

Son foulard est celui qu’il mettait dans son atelier mal chauffé, sous un col roulé, lui-même couvert par une chemise de travailleur, col ouvert. Il évoque aussi les tours du cou de l’époque classique. Hélion se situe dans la grande tradition de la peinture, pour en poursuivre le chemin. Ce sera celui d’une synthèse de l’abstraction et de la figuration pour structurer une œuvre que les artistes qui vont suivre ne devront pas ignorer.

A.M

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