Regard sur Jean Hélion
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Jean Hélion : un tableau qui porte "le chant quotidien du monde"
Ce dessin a été réalisé après la peinture, « La Ville est un Songe », où l’édifice central est une pissotière métallique ronde comme il en existait encore en 1977.
Forme mythique du trottoir parisien, la vespasienne devient, sous le crayon de Jean Hélion, une des figures de ce Paris qui s’efface peu à peu.
Le peintre réinvente une peinture du quotidien jusqu’à ce signe simple qui « l’enrichit cependant et le valide ». Le peintre songe autour de cette architecture qui évoque aussi bien une construction médiévale avec tour de guet qu’un véhicule spatial dans un mouvement de toupie.
Il résume sa structure par des formes géométriques simples dont il s’est aperçu qu’elles « constituent des moyens frais et énergiques de définir la vie et le monde » : le toit en triangle, le corps en rectangle, les ailes en trapèzes aux bords arrondis, des lignes droites verticales pour les piliers métalliques, un cercle pour délimiter la dalle de béton. Le tout donne une impression de légèreté, de démontable comme un jeu de construction.
Ombre et lumière sont suggérées par des aplats de couleurs. Le carré vert sous le toit pourrait indiquer la provenance de la lumière. Le rectangle bleu ciel, sur le sol, dans le prolongement du bleu plus prononcé de la tour, forme un tapis ombré qui donne une impression de profondeur. Le noir renvoie au métal dont est fait la vespasienne.
Deux hommes, l’un à l’allure réjouie qui entre et l’autre, évoqué par le bas de ses jambes, tout à son affaire, sont stylisés au pastel marron.
La simplicité des silhouettes semble « vassaliser » l’humain à l’objet pour exprimer l’intérieur et l’extérieur de l’habitacle.
Mais sans elles, et sans les flaques d’eau qui jonchent le sol de différents bleus, ce bâtiment porterait-il « le chant quotidien du monde »?
N.B. Les citations sont extraites du « Journal d’un peintre » de Jean Hélion, Maeght Éditeur.
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