Regard sur Bernard Réquichot
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Bernard Réquichot : une « Guerre des nerfs » embryonnaire
Cette « Guerre des nerfs » de 1957, donne forme peinte à plusieurs inventions picturales de Bernard Réquichot. Elle paraît en relief comme une sculpture, annonciatrice de ses toiles roulées. Elle recèle également les craquements et la vie souterraine de son premier « reliquaire », nom que l’artiste donnait à un assemblage d’éléments variés placés dans une caisse en bois vitrée, celui-ci composé de terre et de bois brûlé, réalisé en 1955. Dans « La Tombe de la nature » apparaissaient déjà deux formes de tête animale.
Mais dans cette « Guerre des nerfs », ce n’est pas de l’anthracite qui émerge du noir absolu du corps de l’oeuvre, mais du rouge symbole de sang, de globules, d’embryons et de pulsions.
Des brindilles ou des branchettes évoquent les trouvailles de Réquichot dans les sous-bois, qu’il acculait dans ses reliquaires. Ici, elles sont piquantes.
Des touches de peinture épaisses se combinent avec des fragments de toiles peintes collées d’où émergent des présences embryonnaires.
Une oeuvre de Bernard Réquichot à la fois inquiétante et musicale
Qu’évoque l’oeuvre ? Ce pourrait être aussi bien un reptile inquiétant d’Amazonie qui en guise de dard accroche la signature de l’artiste, une vielle à roue ou un violon avec un archet de bois, un véhicule spatial, arche de Noé sonore et rimbaldienne, ou encore l’autoportrait d’un Saint Sébastien de la peinture.
Le corps du tableau est prolongé par des spirales, qui, selon Réquichot, « constituent peut-être la base de l’univers, l’essence du spirituel et l’essence de subjectif, l’image du mouvement perpétuel. »
Ici, elles paraissent usagées et affaiblies, sauf une qui se prolonge hors de la toile, pour émettre ou se perdre dans l’espace.
Réquichot s’est confronté à une forme inquiétante et musicale à la fois, une fois de plus à une fusion du microcosme et du spatial, à une transfiguration du ressenti de son corps à la lumière des mécanismes de l’esprit et des avancées de la science. À nous, à notre tour, d’imaginer. Et à lui de conclure.
« L’analogie n’est pas figuration. Ma peinture se situe sur la limite du monde intérieur et extérieur… L’important est la façon de regarder les choses : la contemplation se fait aussi difficile que la création car le spectateur est aussi un artiste. Il s’agit de traquer l’émotion qui surgit au point de rencontre de la beauté, de la vie et de ce qui est vrai ».
Bernard Réquichot, La Tombe de la nature, 1955
Agglomérat de terre brûlée et caisse de bois brûlée, 20 x 15 x 10 cm
Crédit photographique : © Philippe Migeat – Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Adagp, Paris
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