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Pourquoi j’aime Hélion 3/3

Jean Hélion, « Requiem 2 », 1981, acrylique sur toile, 130 x 97 cm

Quand j’ai ouvert la galerie, j’étais guidé par mon goût et mon besoin existentiel de l’art pour mieux voir. J’étais confronté à deux alternatives : la peinture ou les nouvelles formes de l’art contemporain; laisser jouer le temps pour la reconnaissance d’un artiste ou chercher à répondre aux tendances du moment que la mondialisation rendait incontournables.

J’ai été conforté dans mes choix par l’étude attentive des œuvres de Jean Hélion : celles que j’avais la chance de rassembler, celles des musées et celles reproduites dans les nombreux livres et catalogues qui lui ont été consacrés.

À l’époque de Jean Hélion, choisir la peinture, surtout figurative, n’allait déjà plus de soi. La photo et le cinéma obligeaient à bien définir ses bases théoriques et son périmètre. Jean Hélion ne pouvait ignorer non plus les prises de position anti-peinture de Marcel Duchamp, aussi influent que lui aux États-Unis, et qu’il connaissait bien.

La peinture était devenue un défi et un combat. D’emblée, la réponse de Jean Hélion a été claire : son sujet est davantage du côté du faire voir que du vu. Ses neuf années d’abstraction mettent en évidence les structures du réel et leur donnent une dimension poétique qui le rapproche de son grand ami Calder. L’accouplement fertile de cette abstraction avec la figuration, ensuite, crée une base visuelle riche et nouvelle pour appréhender ce que l’artiste veut nous montrer.

Jean Hélion ne cessait de s’interroger sur la peinture, pas seulement dans ses écrits mais directement dans ses œuvres picturales dont le véritable sujet est souvent précisément la peinture, mais celle-ci ouverte sur les joies de la vie.
Ses mises en abîme, en particulier de ses abstractions, et la reprise, parfois des années plus tard, de ses canevas de construction privilégient la continuité. Ses apparentes ruptures de style le rapprochaient de ce qu’il cherchait. Presque aveugle, il s’est naturellement ressourcé à ses propres peintures sans rien perdre du vivant.
Il n’est pas étonnant que l’américain Jim Dine ait cité, parmi les trois artistes qui l’ont décidé à s’installer en France, Jean Hélion et « les multiples évolutions dans sa peinture ».

Jean Hélion est incontournable pour les artistes du XXIème siècle qui veulent aborder la peinture sans naïveté. Et, spécialement, pour tous ceux d’entre nous qui, actuellement, ont besoin d’art pour élargir leur espace de liberté ainsi que leurs capacités de regard et de création.

A.M

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