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La peinture enrichit nos vies

Jean Hélion, Toits, 1961, Huile sur toile, 155 x 200 cm

Nous profitons d’une actualité riche pour marquer les trente ans de la galerie : exposition de Jean Hélion au Musée d’Art Moderne de Paris (vernissage le 21 mars), et de Bernard Réquichot au Centre Pompidou à partir du 2 avril ; double anniversaire, des cent ans de la naissance de Fred Deux (exposé au Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou en 2004, au Musée des Beaux-Arts de Lyon en 2018) et de René Laubiès (dernière exposition au Musée d’art Moderne et Contemporain des Sables d’Olonne, en 2019).

Nous reprenons le titre d’un livre publié pour nos vingt ans : la peinture enrichit nos vie. Celui-ci reste notre premier critère de choix.

Nous inspirant du parcours de Jean Hélion, nous avons choisi comme fil directeur de cet accrochage les liens entre la figuration et les différentes formes d’abstraction.

La rupture avec l’abstraction d’Hélion en 1939 avait radicalement modifié le regard porté sur son œuvre. Lui-même n’a pourtant cessé de rejeter l’idée d’une opposition radicale entre l’abstraction et la figuration. Des « figures » étaient en germe dès 1933. Elles ont pris de la consistance en 1935. À partir de 1939, Jean Hélion a exploré librement toutes les facettes de la peinture, abstraites (géométriques mais aussi lyriques et biomorphiques), figuratives, conceptuelles, les a combinées, enrichies les unes des autres pour ouvrir des champs nouveaux qui accrochent le regard au réel qui nous échappe.

Pour la plupart des artistes que nous montrons, la question de l’abstraction ou de la figuration ne se posait tout simplement pas. Ils passaient librement de l’abstraction à la figuration suivant les nécessités de l’œuvre.

Vers 1960, Dado a donné une apparence abstraite à ses toiles pour piéger le regard dans un irregardable trop souvent aseptisé. Leur apparence de beauté et leur puissance nous confrontent, presque malgré nous, aux horreurs d’une déflagration atomique.

L’abstraction a permis à Laubiès, Bazaine, Duvillier, Hong d’intérioriser la nature. Je peins abstrait parce que la nature est abstraite, disait René Laubiès. Il évoquait ainsi la spiritualité des paysages qu’il aimait, l’éternité de l’impermanence des nuages, des bords de mer qu’il a retranscrites sans rien enlever de leur beauté.

Réquichot a créé des formes nouvelles (traces graphiques, reliquaires, sculptures d’anneaux et de peintures, papiers choisis qui détournent des photos des magazines) pour transposer une dynamique d’émotions et de pensées en formes polysémiques puissantes, que chacun et chaque génération peut interpréter suivant ses propres questionnements.

Fred Deux a surtout expérimenté des réactions chimiques de substances coloriantes sur le papier, et leur compatibilité avec l’encre de Chine ou la mine de plomb. Toutes ses œuvres nécessitent une interprétation, mais particulièrement celles d’apparence abstraite. Elles incitent à la découverte des aspects les plus cachés de la vie organique et psychique et à un questionnement nouveau sur la fertilité, la naissance et la création, la transmission et la disparition.

Dans la mesure où les artistes s’intéressent autant au « faire voir » qu’au « vu », son enrichissement par l’abstraction renforce le rôle de la peinture pour inciter à une meilleure appréhension de la vie et du monde.

A.M.

Exposition jusqu’au 8 juin

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