Hong InSook
Lieux imaginaires
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Nous montrons à la galerie, du 16 novembre au 23 décembre 25 œuvres récentes de Hong InSook, essentiellement des grands formats, réalisés en 2022.
L’artiste a renoncé depuis 15 ans au pinceau et à toute intervention directe de la main, procédant par secousses sur un papier mouillé pour orienter un mélange d’encre de Chine et de gouache.
Dans sa première période, elle laissait un grand rôle au hasard. Puis certaines vues paysagères ont acquis une précision quasi photographique, étonnante vu son procédé. Ses dernières compositions sont structurées avec hardiesse, combinent verticalités et profondeurs, multiplications des points de vues, télescopages contrôlés, changements de plan, panoramiques, focus sur détails fouillés…
La nature devient pour Hong InSook un matériau. Son processus de création est vécu comme une fusion avec elle. Elle voudrait que son œuvre croisse d’une façon comparable aux plantes de son jardin. Et désormais, elle utilise des fragments de nature observés pour composer des œuvres paysagères ou légendaires où fusionnent ses deux cultures coréennes et françaises.
Les grands formats lui ont permis de pousser loin sa démarche. Lourds et fragiles parce que trempés, plus grands qu’elle, ils nécessitent un véritable corps à corps qui tient aussi de la danse, et l’engagent toute entière.
Ses œuvres paysagères ne révèlent pas d’autres présences humaines que de rares évocations anthropomorphiques de la nature. Hong restitue le rythme qui relie les accidents de terrain, celui des changements de saisons, du vert tendre printanier aux dorures de l’automne, marque la vitesse de croissance des troncs effilés, nous rafraîchit de le fonte des glaciers, de la pureté des lacs de montagnes.
D’autres œuvres sont peuplées de personnages fabuleux, mi-hommes mi-animaux, comme dans les légendes asiatiques. Ils se déplacent vers des monts qui deviennent forteresses. La divinité des montagnes qu’humanise leur beauté, le vol des oiseaux et le souffle du vent s’unissent, ou bien l’artiste fouille le minéral et le lichen pour leur donner vie.
Le passage des coulures sur le papier est l’équivalent des cours d’eau qui gravent les flancs de montagne. Les glaciers s’étalent en fleurs, comme sur son papier.
La présence des paysages normands qui l’entourent à Deauville, les souvenirs de ses promenades de bord de mer, de ses randonnées dans les Alpes, des montagnes sacrées de Corée visitées régulièrement par les lettrés, de la fertilité des ruisseaux qui arrosent les rizières fusionnent avec sa vie intérieure, qu’elle exprime parfois dans de courts poèmes pudiques. Au confluent de deux cultures, son œuvre enrichit notre regard.
A.M.
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