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Fred Deux : L’acceptation

Fred Deux, « De l’acceptation », 2008

Ce fut une belle surprise d’accrocher, mardi dernier, des œuvres de Fred Deux, de sa dernière période, de 2002 à 2013. La peinture y joue un rôle important.

Nous n’avions encore jamais montrés la plupart de ces tableaux, de grand format. Quand un artiste prend un virage, comme Fred Deux en 2002, il faut du temps pour en saisir toute la portée.

Tout a commencé par Soudain éblouissement, transporté par la lumière. Fred Deux avait été impressionné par les « peintures d’or » de Karl Godeg. Vif argent évoque leur éclat dans des couleurs proches : une aube dorée, le foyer d’une naissance; Naissance est précisément le titre d’une autre composition de 2002.

L’apparition du 7 mars, de 2003, est un hymne à une lumière jaillie d’un dessin retenu qui éclôt d’un rouge magenta, savoureux, chaud et profond, une source de vie.

Fred Deux, que je rencontrais régulièrement, était heureux. Et il s’ouvrait davantage au monde autour de lui.

Il a intitulé l’un de ses tableaux de 2002 L’appel du jour ou la relation au monde. Les paysages calmes de la Brenne vont imprégner ses œuvres de leur beauté humide. Les visages deviennent posés, attentifs et plus sereins.

Métamorphoses de 2006 semble irriguer un buste comme un paysage reflété dans le courant d’une rivière. On y sent, presque olfactivement, une atmosphère de forêt qui me rappelle nos promenades sur les rives de l’Indre, près de chez lui, à la Châtre. Fred insistait sur la beauté des lieux, s’extasiait devant les feuilles et les brindilles sur le chemin.

En 2008, un autre grand dessin, est justement nommé De l’acceptation. L’artiste semble nous regarder à travers un paysage doux aux couleurs fondues, coiffé d’un gris rocheux. Il poursuit sa réconciliation sans certitudes avec lui-même. Dans une autre œuvre de 2008, L’héritage, il s’interroge sur la transmission de tout ce qu’il a vécu et senti, à travers ses dessins. La même année, La vie sous les racines ?, évoque à la fois à l’origine de la vie et notre éventuelle survie. La localisation de sa tombe était pour lui importante. Il aurait aimé être enterré près de ses dessins.

Le ton change après sa lourde opération au cerveau de 2011. Une semaine après, il titre Fred Deux le dur. Puis Je voudrais m’arrêter sans le pouvoir. Ensuite, il ne donne plus de titre, n’écrit quasiment plus.

Sa main est incertaine quand il écrit, jamais quand il dessine. Dans une autre oeuvre, une tête, qui est aussi un corps, est pleine des couleurs d’un monde qui s’élève vers le ciel, tandis qu’un dessin cuivré de juin 2011 paraît soufflé, vers l’ailleurs. Fred Deux reste sensible à la nature. Plusieurs fois, sa mine de plomb germe dans du vert, végétal.

Des pensées lui venaient au moment du dessin, pas toutes liées à celui-ci. Il les écrivait, sous forme poétique et interrogative, sur la chemise cartonnée dans laquelle il glissait chacun d’eux.

De tout cela, à chacune de mes visites à l’atelier, quand il me présentait ses œuvres, nous parlions, lui surtout dans un premier temps, davantage moi à la fin, quand il trouvait ses mots avec difficulté.

Je serais heureux de vous faire découvrir à mon tour la présence de ses « dessins-peintures » qui gardent leur mystère. On ne sait d’ailleurs pas si la peinture naît du dessin ou le dessin de la peinture.

Fred Deux
Fred Deux, « L’héritage à la fin », 2008, Encre et aquarelle sur papier, 52 x 36 cm

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