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Entretien d’Alain Margaron avec Christian Charreyre, de Art Magazine International II/V

René Laubiès, Sans titre, 1953, huile sur papier marouflé sur toile, 54 x 56,5 cm

II/V Pourquoi acheter les œuvres avant de les montrer ?

1/ Vous dites qu’il vous semble nécessaire d’acheter aux artistes les œuvres que vous montrez. Ce modèle économique est-il toujours viable ?
Je reste convaincu qu’une bonne approche de notre métier est d’acheter les œuvres aux artistes avant de les montrer, en tous cas pour des choix artistiques indépendants des tendances du moment. Il s’agit non seulement d’un soutien indispensable aux artistes qui ont besoin de temps et de tranquillité d’esprit pour avancer dans leur création, mais du choix du long terme par rapport à l’immédiat, deux fonctions traditionnelles des galeries qui me paraîtraient toujours d’actualité. Si on travaille en dépôt, il faut vendre vite et cher, pour dégager une rentabilité qui permette de bien faire son métier. Quand on achète, on entre dans une politique à long terme de valorisation « d’un » œuvre, dans son ensemble . Très peu de galeries le font, parce qu’elles ont d’importants investissements commerciaux à couvrir . Je ne m’en plains pas. Cela me laisse le champ libre sur beaucoup d’artistes qui ne paraissent pas dans l’ère du temps. Mais je conseillerais à ceux qui veulent s’engager dans l’aventure d’une galerie d’envisager cette option. Au début bien sûr, c’est au prix d’une trésorerie est très serrée et de quelques sueurs froides qui nécessitent des convictions. Puis si on ne s’est pas trompé, des marges d’autofinancement plus confortables donnent des capacités de décision supplémentaires .

2/ Cette approche change-t-elle la relation avec les artistes ?
Mon expérience montre que les rapports avec les artistes sont beaucoup plus étroits quand on s’engage financièrement sur leurs œuvres. On entre dans le cercle de leurs proches. Une véritable amitié, sur des bases toujours professionnelles, m’a lié à des artistes comme Fred Deux ou Laubiès. Nous étions dans un échange de générosité et jamais dans l’âpreté commerciale. Grâce à quoi, nous avons pu accéder, sans rétention de leur part, à leurs meilleures œuvres.

Anselme Boix-Vives, Un curé lunaire et ses enfants de choeur, 1963, gouache sur papier, 90 x 69 cm

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