Enclos primitif
Cette toile de grand format pour Zoran Music, « Enclos primitif », datée de 1960, constitue apparemment avec quelques autres, une exception dans son parcours : on est à l’aube d’une décennie abstraite où de son propre aveu, il a eu le sentiment de s’être perdu. Il lui a manqué ce ressort existentiel, la tension très forte entre mort et poésie qui donne de la force à ses peintures et dessins.
Non seulement ce n’est pas la cas pour Enclos primitif, mais celui-ci constitue un point d’orgue dans l’ensemble de son œuvre. Nous sommes immédiatement incités à la méditation, à une contemplation lente, longue, et musicale. La peinture s’anime progressivement, vibre, découvre entre des tâches noires tout un jeu de couleurs subtiles qui apparaissent, disparaissent, s’installent. La vie résiste, s’impose.
On peut ressentir un appel comparable devant des toiles abstraites de Mark Rothko (actuellement exposé à la Fondation Vuitton), mais ici le support est terrestre. « Enclos primitif » se révèle une peinture non pas abstraite mais figurative, solidement ancrée dans le sol.
Music, sa vie durant, a éprouvé un besoin existentiel de se ressourcer devant les paysages des régions où il est né et a passé son enfance.
Ici, il s’agit du sol aride du vaste plateau du Karst avec des tâches noires de buissons brûlés par le soleil et des lavandes plantées dans la terre ferrugineuse des petites oasis.
La nature devient la caisse de résonance des différents moments de sa vie. Le rappel des camps rend encore plus poignant la beauté des couleurs qu’il fait découvrir à ceux qui prennent le temps de regarder, aussi bien en eux que devant eux.
A.M.
Zoran Music, la lueur de la beauté
Jusqu’au 23 décembre
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