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Choses vécues avec Fred Deux 7/8

Sans titre, 1959, encre sur papier, 56,5 x 75 cm

L'exploration du toucher

On parle souvent du toucher d’un dessinateur comme d’un pianiste. Celui de Fred Deux était exceptionnel. Et la douceur ou la rugosité du papier, le choix d’une plume ou d’une mine de plomb étaient pour lui essentiels.

Mais la subtilité du toucher n’était pas pour lui seulement un moyen d’expression. Elle était l’objet même de son questionnement. C’est l’exploration du tactile qui a donné à son œuvre sa justesse métaphysique et ontologique.

Quand je l’ai connu, loin des fantasmes de la Gana, il avait peur qu’on se méprenne sur son rapport à la femme et à la sexualité. Je lui ai montré, à la galerie, un de ses grands dessins, érotique, de 1959. Je venais de l’acheter en Allemagne et il l’avait oublié. Cécile: « Quelle violence, quelle horreur ! ». Elle part tout de suite. Lui reste, se montre ragaillardi, se met à me tutoyer comme dans tous ses moments de forte émotion, me demande si je pense que c’est bien lui qui est représenté sur le dessin! Puis il touche le sexe de la femme avec le dos de la main , délicatement, me disant: « il faut toujours le respecter, en prendre soin. » En 1999, il a appelé un grand dessin « La sainte vulve. » La délicatesse de cette mine de plomb laisse surgir la lumière, aux antipodes de la cruauté de certains artistes proches du surréalisme.

A.M.

« La sainte vulve », 2000, mine de plomb sur papier, 104 x 66 cm

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