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bernard réquichot
En 2024, le Centre Pompidou a consacré une importante rétrospective à Bernard Réquichot du 3 avril au 2 septembre : «Je n’ai jamais commencé a peindre».
La plupart des œuvres de Bernard Réquichot que nous présentons proviennent de la collection de Daniel Cordier, devenu proche de la galerie. Il nous a choisi pour reprendre le flambeau de cette œuvre importante, complexe, en avance sur son temps et rare.
Hormis une donation importante au Centre Pompidou, Cordier gardait jalousement ses Réquichot.
L’artiste s’est suicidé l’avant-veille d’une grande exposition dans sa galerie en 1961. Il avait 33 ans. Ça aurait du être un triomphe, m’a dit Daniel, la gorge nouée.
Cordier ferme sa galerie en 1964. Depuis : un catalogue raisonné, préfacé par Roland Barthes en 1971 ; deux expositions, au musée des Sables-d’Olonne et à l’abbaye de Tanlay.
En 2019 et 2020, le Centre Pompidou lui a consacré une salle entière dans ses collections permanentes. En 2019, Jean François Chevrier a écrit un livre qui permet mieux appréhender sa démarche et son œuvre (« Zones sensibles » chez Flammarion). Nous avons organisé plusieurs expositions à la galerie qui ont commencé à rencontrer un public français, international et institutionnel. Commissaire de l’exposition Christian Briend. Édition d’un catalogue.
Les correspondances avec la « beat generation » de Californie sont frappantes mais dans les années 50, le monde de la peinture en France était enfermé dans une vision trop hexagonale pour le remarquer.
Réquichot, à l’inverse de beaucoup d’artistes qui participaient activement à leur promotion dans les années 50, ne voulait rien montrer. Par goût proustien des joies de l’esprit dans la solitude, par peur de commentaires qui pourraient fausser sa création, peut-être aussi pour cacher un grave traumatisme subi dans son enfance ?
Sa défenestration l’avant-veille d’une grande exposition n’est sans doute pas un hasard. Il s’est caché, a caché certaines de ses œuvres les plus importantes, l’a dit sous forme de masques et d’écritures illisibles, a créé des formes universelles à compréhension différée pour les générations futures.
Bernard Réquichot a nourri ses œuvres à la fois des avancées de la science à son époque (sur le big bang, le temps, les radiations, la physique quantique…) et de la fébrilité de ses mécanismes mentaux, qui affleurent dans ses Guerre des nerfs et beaucoup de dessins. Il a recherché « une fusion de la science, de la joie, de l’art et de l’être », des correspondances entre l’infiniment petit, dont le plus ténu de sa vie psychique, et le macrocosme de ses traces graphiques ou ses ciels prolifiques.
Réquichot a innové formellement, et participé au renouveau des arts plastiques : mixtes de collages, peintures et dessins ; renouveau du collage en découpant et détournant des photos de magazine suivant des principes baroques de répétition-variations et en collant des fragments de peinture sur des toiles ou des dessins ; traces graphiques, reliquaires ; toiles pliées transformées en sculptures, sculptures d’anneaux… « Chaque chose peut évoquer beaucoup d’autres choses selon la manière de la voir. Chaque image est l’image d’une infinité d’images. » Beaucoup de ses formes, se livrent à des interprétations sans fin.
Bernard Réquichot est maintenant reconnu comme un artiste des année 50 important et précurseur.
1955 Première exposition personnelle à la Galerie Lucien Durand, Paris
1957 Exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier, Paris
1961 Exposition personnelle à la Galerie Daniel Cordier, Paris
1973 « Rétrospective », Centre National d’Art Contemporain (CNAC), Paris
1977 « Bernard Réquichot : 1929-1961 », Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sables d’Olonne
1989 « Donations Daniel Cordier », Centre Pompidou, Paris
1992 « Hommage à Bernard Réquichot », Centre d’art contemporain, Château de Tanlay, Yonne
1995 « Passions privées, collection Daniel Cordier », Centre Pompidou
1997 « Made in France : 1947-1997. Cinquante ans de création en France », Centre Pompidou, Paris
2002 « Dado-Réquichot, la guerre des nerfs », Musée des Abattoirs, Toulouse
2002 « Paris, Capital of Arts, 1900-1968 », Royal Academy of Arts, Londres
2002 « Paris, Capital of Arts, 1900-1968 », Musée Guggenheim, Bilbao
2003 « Roland Barthes », Centre Pompidou, Paris
2005 « Big Bang. Destruction et création dans l’art du XXe siècle », Centre Pompidou, Paris
2009 « Les désordres du plaisir », Centre Pompidou, Paris
2012 « Collection Michael Werner », Musée d’Art Moderne de Paris
2019 « Galeries du XXe siècle », Centre Pompidou, Paris
2019 « A la découverte de Bernard Réquichot », Galerie Alain Margaron, Paris
2020 « Le rêveur de la forêt », Musée Zadkine, Paris
2024 «Bernard Réquichot, Je n’ai jamais commencé à peindre», Centre Pompidou, Paris