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À la découverte de François Lunven 2/3

François Lunven, Renversement, 1968, gravure, 69 x 97,5 cm

Si les peintures de Lunven ont provoqué davantage de perplexité que les œuvres en noir et blanc, c’est d’abord parce que les couleurs dérangeaient, comme celles de Pontormo à son époque. Elles sont vénéneuses et hallucinantes, sans que Lunven n’ait jamais recouru à la facilité des paradis artificiels. Elles nous transposent dans un monde apparemment inhumain, qui ne l’est pas vraiment, où la vie est exacerbée, à la fois impitoyable, mécanique, fougueuse et sexuelle, humoristique et millimétrée, pour nous conduire où ?

Le recours à la peinture pour des questions aussi graves que l’évolution de notre espèce face à la science risquait d’être peu crédible en France, déjà dans les années 60.

Pourtant, dès que nous avons fait découvrir ces œuvres, vers 1995, une petite communauté de collectionneurs sensibles autant à sa radicalité qu’à son dynamisme, souvent jeunes et entreprenants, s’est constituée autour de l’artiste décédé. L’intérêt s’est étendu aux amateurs de bandes dessinées, de dessins animés, de tout un univers de science-fiction auquel Lunven donne des lettres de noblesse dans des œuvres complexes qui résistent aux interprétations.

Cinquante-cinq ans après leur création, ses peintures, et certaines gravures, en particulier les plus grandes de 1968 et 1969, continuent à nous projeter vers un avenir où des êtres cachent leur humanité derrière des formes nouvelles, dans une exubérante métamorphose entre l’animal, l’humain et les robots. La science et la vie, les machines et l’énergie fusionnent. Jusqu’où?

L’oeuvre visionnaire de François Lunven nous confronte, de façon extraordinairement vivante, à un avenir possible aussi fascinant qu’impitoyable si nous n’y prenions garde.

A.M.

Bernard Réquichot, "L'Erotisme cineraire", 1953, huile sur toile, 54 x 81 cm

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