Femmes temple

Jean Hélion, Nu accoudé, 1949, Huile sur toile, 81,3 x 61 cm

Certaines Femmes temple, réalisées par Hélion en 1949, traduisent parfois un double asservissement : des corps (dans des maisons closes, avec leur hébétude et leur vacuité) et de leur représentation (à un langage pictural encore fortement marqué par l’abstraction géométrique).

Ce n’est pas le cas de cette Femme temple, Aphrodite vénusienne dans le cadre exigu d’une chambre délabrée, à l’image de la période où il vivait alors.

L’amour recrée l’espace au rythme de ce qui vient d’être vécu.

La beauté de la femme est saisie dans des angles et des arrondis : sa chaleur brique et moite, l’ovale de son visage élégamment posé sur le quadrilatère ouvert de ses bras, les ondulations de sa chevelure caressante, sa toison débordante…

Le pli qui souligne ses deux seins évoque les élans vigoureux et les pauses poétiques sur le drapé du lit, séparés ou plutôt reliés par une plinthe électrisante et un interrupteur aux battements d’aile musicaux des écailles hiéroglyphiques du mur. Les franges du tapis électrisent la toison caressante des cheveux sur le rythme des lames du parquet.

Plinthes et interrupteur reviennent souvent dans l’œuvre d’Hélion à cette époque. Bacon les reprendra trente ans plus tard dans certaines compositions, avec la même mise en scène resserrée devant un tapis étroit.

A.M.

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