Je n’ai jamais commencé à peindre
L’exposition de Bernard Réquichot au 4e étage du Centre Pompidou, discrète et impressionnante, convient bien à un artiste qui n’a peint que dix ans, s’est défenestré l’avant-veille d’une exposition chez Cordier, énervé à l’idée que le public voit ses œuvres.
Frappe très vite, au delà de la diversité des supports, la cohérence de l’ensemble, avec un dénominateur commun : des liens forts et tendus avec la peinture résumés par cette courte phrase de l’artiste, reprise comme titre de l’exposition par Christian Briend, son commissaire : je n’ai jamais commencé à peindre.
Réquichot a renouvelé et enrichi le médium peinture, paru le contester radicalement sans l’abandonner. Les accumulations de ses reliquaires sont recouvertes de peintures épaisses. Ses sculptures se révèlent des toiles peintes roulées ; même celles constituées d’anneaux de rideaux en polystyrène portent des traces de peinture. Ses découpages d’une même photo de magazine collée suivant un jeu baroque de répétitions-variations, se confondent avec des parties peintes. Réquichot intègre aussi des fragments de ses peintures plus anciennes qui ne le satisfaisaient pas dans de nouvelles créations, comme une réactualisation de son acte de peindre au-delà de l’échec.
Déjà contestée à son époque, la peinture représentait pour Réquichot le meilleur défi possible pour se rapprocher d’un but impossible à atteindre.
Vous pourrez dire que j’aurais pu les vendre plus chers, mais que je vous ai fait davantage confiance pour sa reconnaissance m’a dit Daniel Cordier lorsque j’ai enfin pu acheter ses Réquichot qu’il aimait tant. Il serait heureux de cette exposition au Centre Pompidou, une étape indispensable avant la longue fermeture du musée.
Merci à Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, et à Xavier Rey, son directeur, de l’avoir programmée. Merci à Christian Briend de l’avoir si bien réussie. Le catalogue est lui aussi remarquable.
A.M.
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