Hommage à Jean Hélion 2/4

Jean Hélion, « Homme assis », 1928, huile sur toile, 130 x 80 cm

Jean Hélion, un artiste engagé dans son temps

Jean Hélion a toujours été engagé dans son temps. Il a été l’un des tous premiers abstraits de sa génération, en 1930, à côté de ses aînés, Torres-Garcia, Mondrian et Van Doesbourg, mais sans vouloir se couper de la réalité, contrairement aux plus dogmatiques.

Dès 1933, il fait résonner comme son grand ami Alexander Calder, une forme de poésie du monde, puis érige des « figures » qui serviront de canevas à ses compositions ultérieures les plus complexes. La plupart de ses œuvres figuratives seront sous-tendues par des formes géométriques ou s’appuieront sur des motifs architecturaux.

Il a accompagné son retour à la figuration par son engagement dans l’armée française, en 1940, quittant les États-Unis où il devenait connu, à rebours de beaucoup d’artistes européens qui faisaient le chemin inverse. Pour ne pas s’échapper d’une réalité historique, puis pour rester au plus près de la vie quotidienne, jusqu’à dégager des mythes derrière un geste banal : « Les mythes sont tellement inscrits en nous que sous chacun de nos gestes, familier ou extraordinaire, il y en a un qui s’exprime. » (1979).

Contre l’effritement des valeurs collectives, il cherche dans le réel « les signes qui continuent de témoigner d’un sens, d’un espoir de cohérence de l’ordre du monde. »

Ce mot « cohérence » caractérise l’ensemble de son oeuvre, comme de l’ensemble de sa vie, de sa jeunesse aux dernières années. Un magnifique portrait d’homme de 1928 l’inaugure. Le losange des jambes annonce l’ enrichissement par l’abstraction de ses premières figurations de 1944, puis de 1950. Un dessin de 1929, évoque certains toits de 1960.

Le Grand Luxembourg de 1955, loin de la précision, jusqu’au trompe l’oeil qu’il réalisait alors, est une autre oeuvre prémonitoire. « En somme, après un voyage dans la nature et après avoir travaillé d’après elle uniquement, depuis deux ans, je réintègre mon domaine, le monde des concepts », venait-il d’écrire. Il reprendra la structure de ce tableau dans les années 60.

A.M

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