Regard sur Bernard Réquichot

Cette oeuvre de Bernard Réquichot a été réalisée en 1952 alors que l’artiste est âgé de 23 ans.

Sur un fond neutre ocre orangé, une silhouette, nue, partiellement agenouillée, prend forme dans une posture pensive, et occupe la quasi-totalité de l’espace.

Son genou gauche est plié, posé au sol tandis que son bras gauche tient fermement sa cheville. Son bras droit repose sur sa jambe droite, pliée également, et supporte le poids de sa tête dépourvue de chevelure. Sous son pied droit, un lavis de gouache blanche suggère le sol, du moins une surface palpable.

Derrière sa jambe droite, on peut apercevoir comme une autre jambe, pliée, évoquant une posture totalement agenouillée du protagoniste. Réquichot semble alors signifier le mouvement : d’agenouillé, le personnage a finalement levé sa jambe pour y poser son coude.

Le visage de ce personnage énigmatique porte à croire qu’il est plongé dans ses pensées.

Notre oeil est alors intrigué par une évidence : l’artiste laisse apparaître volontairement le quadrillage de construction de l’oeuvre, comme s’il s’agissait d’une véritable étude d’anatomie.

Réquichot insiste ainsi sur la construction de l’oeuvre mais aussi sur la résonance de ces droites quadrillées avec la musculature très géométrique de son personnage. Cette musculature est esquissée au crayon puis soulignée au lavis de gouache blanche créant des contrastes, avec des effets de lumières qui mettent en valeur certains muscles saillants. L’artiste dresse une véritable architecture du corps, sculptural, une anatomie stylisée.

Cette composition intrigue. S’agit-il d’un homme ou d’une femme? Ou d’un être hybride mi-homme mi-femme? Et à quoi songe-t-il?

À ce que Réquichot venait d’écrire: « un artiste, un peintre, un révolutionnaire digne de ce nom doit être individualiste, et dans le monde moderne plus que jamais »?