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Fred Deux, 2000, mine de plomb et aquarelle sur papier, 55,5 x 76 cm

« La traversée est infinie, elle concerne ce qui a été et ce qui sera. On ne pourra jamais étaler sur une pierre les lignes et leurs ombres.
La traversée n’existerait que pour être traversée.
La percée, le passage à travers son corps invisible
et doux, transfigure, fait autre celui qui a osé.
Il n’en ressort jamais sans être son prisonnier.
Le quatre mille six cents quatre vingt sixième, fait son nid dans ses yeux devenus des feux.
Cet invisible, je l’ai vu.
Une fois a suffi.
Je viens de le revoir comme le mourant rêvant sa vie.
Je me tiens au bord de la file.
Elle passe devant mes pieds soudés.
Je respire.

Le quatre mille six cent quatre vingt sixième.
Marchant devant moi.
Nouveaux aveuglés. En file. Par neuf.
Allant comment vont les autres.
Serrés.
Nous sommes les uns contre les autres.
Derrière. De côté. En avant. Une masse dont personne ne peut sortir.
Sauf moi.
Je suis sur le côté du bord d’où il est possible de les voir.
Ils cherchent.
Je ne cherche pas.
Je n’ai pas vu leurs yeux. Dans les plis, je devine leur regard.
J’ai perdu des ombres. On ne peut tout retenir.
Je me suis parlé sans m’écouter. Je n’ai pas trouvé de commencement.
Certain de la fin, j’ignore son regard. Je ne la vois pas. Je marche, je cours, j’ai les bras ouverts. J’évite de blesser. Je me tiens dans l’écart. Je ne cherche pas à comprendre.
Je n’ai pas voulu suivre. J’ai tenu mes yeux ouverts longtemps, et je les ai fermés. Sous mes paupières j’ai retrouvé la file.»

Fred Deux

Texte manuscrit sur la chemise en carton qui protégeait ce dessin

 Actuellement à la glerie. Côté rue : Boix-VivesCôté cour : Boix-Vives (suite)Fred Deux, Hélion, Réquichot 

Du 30 Septembre au 13 Novembre 2021.

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