La même année
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La même année, 1972, Fred Deux et Zoran Music créent leur œuvre à partir du noir, qui symbolise la semence séminale pour le premier, évoque les ronces de chênes calcinés pour le second. Et de ces deux noirs jaillissent des formes dessinées.
Chez Music, on peut ressentir, au delà de l’évidence des branches, une réminiscence de barbelés qui entourent un rassemblement de silhouettes à peine vivantes, sous des lueurs rougeâtres. Sur toile écrue, l’œuvre évoque aussi un animal inquiétant aux pattes fourmillantes, la tête liquéfiée. Elle dit autant, différemment, sur l’horreur des camps, que sa série Nous ne sommes pas les derniers, mais nous laisse le découvrir, sans imposer, à travers une vision de la nature qui meurt et survit.
Le dessin de Fred Deux est à la fois phallique, fouillé, organique, et totémique, symbole de fertilité. La première impression est de puissance. De sa droite, le sexe érigé semble même nous bénir. Éros s’appuie sur le sexe de la femme pour dépasser un plasma maternel, lui-même encadré d’accouplements fertiles, sans doute de ses ancêtres. Et pourtant le sperme est noir et porté par une forme de rongeur. La vigoureuse économie de mots du titre La mort se décalotte prend tout son sens. Ce dessin inaugure une décennie particulièrement angoissante pour Fred Deux, comme si sa vie était close par l’hérédité qui le hante. Il retrouve sa liberté dans la création, sur l’autel de sa table à dessin.
A.M.
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