D’un moment à l’autre
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« Dans l’une des plus belles parmi ses grandes planches, D’un moment à l’autre, l’artiste pousse l’abstraction de certaines formes jusque’à l’épure. Il introduit des rayures qui évoquent immédiatement le monde industriel. Ces rayures gagnent même les éléments organiques : un os vissé comme une bielle, ou encore l’organe à deux lobes planté au milieu de la composition comme un emblème sur un blason. Cet organe constitue le noyau, le « nœud » visuel de l’œuvre. Il est marqué par les rayures mais aussi par les chiffres et les lettres d’un matricule. Or cet organe est troué en son centre d’une vulve largement ouverte par où s’écoule une myriade de « grains » évoquant l’ovulation. Le motif de l’ouverture vaginale, mais cette fois dilaté à l’extrême comme pour un accouchement, se retrouve en haut de l’image. Il semble donc que ce soit le thème de la génération qui soit mis en avant, et la « greffe » du naturel sur le mécanique, ou vice-versa, renvoie évidemment aux problèmes très actuels de génération artificielle, de manipulations génétiques, et plus généralement de réification du corps et de ses organes. Envisagé sous cet angle, le titre devient explicite : les choses changent, la nature est de plus en plus maîtrisée et absorbée au sein de processus de recréation inventés par l’homme ; d’un moment à l’autre tout peut basculer. »
Manuel Jover, dans François Lunven, éditions Musée d’Issoudun / Alain Margaron, 2005
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