Les analyses fouillées de Fred Deux, dictées par le dessin, comme il aimait le dire, n’ont pas empêché l’apparition de formes synthétiques qui s’imposent à la mémoire, en particulier dans ses autoportraits et ses spermes colorés, ou dans Complot, 1962, reproduit ci-contre. Plus tard, à partir de 2003, elles deviendront des peintures-dessins plus ouvertes sur le monde.

Dans les meilleures peintures de Dado à l’inverse, le graphisme prend souvent la primauté sur la couleur. Vers 1960, l’artiste dénonce ainsi les risques nucléaires de fragmentation de personnages et de leur environnement. Vers 2000, ses grands dessins en peinture sur draps régénèrent sa pratique picturale parallèlement aux fresques de La Chapelle Saint-Luc (cf. Notre catalogue, 2002).

Le papier était autant pour Fred Deux que pour Dado un lieu d’expérimentation, au plus près de la pensée.

Deux s’est cassé la main sur du papier Japon rugueux vers 1970, pour ne ne pas céder aux facilités exceptionnelles de sa main, mais poursuivre, sans dévier, un questionnement existentiel. Dans les années 2000, sa recherche d’un mariage plus accompli de la couleur et de l’encre ou la mine de plomb l’a conduit à tester de nouveaux matériaux, même dangereux.

Dado a surtout expérimenté dans ses collages où, dans la lignée de Réquichot, il découpait ses propres dessins et peintures, en y incluant des dessins d’enfants ou d’anatomie, des photos, des photocopies, des taxidermies, pour casser notre accoutumance aux images.

Nous avons sélectionné deux de ces collages, dérangeants mais d’une grande force, parmi les œuvres que nous avons prêtées pour l’exposition Dado-Réquichot, « La guerre des nerfs », musée des abattoirs à Toulouse, en 2002 (catalogue également disponible).

A.M.