L’architecture de l’humanité

Robert Groborne, Relief n°29911, 2011, peinture enichie de sable sur toile, 60 x 81 cm

Groborne nous convie à pénétrer lentement dans son monde, d’abord celui d’une vie bien réglée, autour d’une cour qu’il traverse quotidiennement, de l’appartement à l’atelier, un univers modeste, axé autour de l’observation de petites choses, comme les graviers qu’il intègre dans ses sculptures et reliefs, celui d’un artisan qui chaque jour se remet à l’ouvrage. En approfondissant un peu plus, on pense à Tanizaki et son « Éloge de l’ombre » dont il parle souvent, et à ces architectures et intérieurs japonais où les angles vides de pièces peu meublées sont propices à la méditation.

Puis, on se souvient que Robert est né en Algérie. Son œuvre privilégie les blancs ou les noirs, entretient une relation intime avec la luminosité, recherche la lumière dans le noir, l’ombre dans les blancs. Il rompt la monotonie du monochrome par des effets de matière ou des nuances de couleurs qui sourdent.

C’est alors que le choix de ses formes « mères », peu nombreuses, mais déclinées sur différents médiums, nous rendent réceptifs à une culture millénaire.

Même de très petite dimension, ses œuvres tournent autour du monumental, nous conduisent vers un ressenti des archétypes architecturaux de l’humanité : temples, palais, pyramides, mausolées, stèles, parfois une porte mystérieusement ouverte.

Robert Groborne en décline les pourtours sur ses différents supports – sculptures, reliefs, peintures, dessins, gravures, photos – et animent leurs formes par de subtiles variations et tout un jeu de lignes qui se prolongent, évoquent parfois des écritures.

Les vibrations de ses lignes obliques et courbes et l’érosion des bords construisent et déconstruisent la géométrie des architectures, enrichissent sa rationalité d’un mysticisme du temps qui s’écoule.

A.M.

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