Robert Groborne, voyageur immobile
Robert Groborne a commencé sa vie d’artiste à la fin des années 60. Il a connu depuis 1990 un certain succès auprès des institutions. Et pourtant je ne l’ai découvert qu’incidemment, dans la grande crypte de la bibliothèque nationale, rue de Richelieu en 2004. L’artiste est particulièrement discret.
Il m’a attiré par la sobriété de ses œuvres, leur rigueur, son refus de la séduction, sa quête de la beauté de l’ombre et de la lumière. Il est né à Alger, en 1939.
Groborne sollicite notre regard pour d’infinies nuances du blanc au noir, déploie des formes architecturales mais érodées, expérimente les potentialités de chacun de ses médiums – sculptures, reliefs, dessins, gravures, photos, ordinateurs…- laisse vibrer des lignes qui se prolongent, tout cela sans intellectualisme, gratuité ou froideur, en écho avec le mouvement artistique « Support-surface » et certaines recherches musicales de son temps.
Il en dégage des vibrations, d’abord à peine perceptibles, qui dévoilent lentement une mystérieuse suspension de l’écoulement du temps.
La profondeur de sa démarche lui a permis de poursuivre fructueusement son œuvre sa vie durant, sans rupture, contrairement à beaucoup d’autres artistes de sa génération.
Robert traverse actuellement de dures épreuves, ne pouvant ni créer, ni lire, ni même regarder. Mais il revit son œuvre, prolonge ses émotions créatrices qui donnent du sens à son existence. Elles en donnent aussi à la nôtre.
A.M.
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