L’éternité selon Music
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Comme beaucoup d’œuvres de Music, ce pastel est à lectures multiples, et presque contradictoires. On peut tour à tour être saisi par sa poésie, sa beauté, et ressentir l’horreur de la mort dans les camps.
Le tronc est scandé de petites touches couleur bois. Les branchages évoquent la silhouette d’Ida, sa bien-aimée. Un vert printanier animé par d’autres touches, florales, paraît serti d’un terre de sienne qui donne à l’œuvre l’aspect d’une icône. Les deux couleurs s’épaulent et se valorisent.
Un sentiment d’ascension se dégage, d’autant que le vert flotte au dessus de la signature. Les petits points marquent des pulsions de vie, donnent de l’énergie aux formes.
Mais si ascension il y a, elle naît d’un arrachement du tronc de sa racine. Un être coupé de sa sève vitale, une vision détachée du monde, plus spirituelle que charnelle ou signe de meurtres?
La tonalité de l’œuvre devient alors sombre. Un soupçon de fumée obscurcit le tronc. Les branches se dissolvent en fumée. Ne seraient-elles pas l’évocation de l’horreur… ? Et la couleur du ciel n’est-elle pas aussi lueur d’un feu dévorant ?
Ces visions alternatives ne se contredisent pas, mais se renforcent. Zoran Music nous rappelle aussi que la fin de la vie rend celle-ci précieuse, que la présence de la mort appelle la beauté et que le sentiment d’éternité n’est pas une négation de la mort.
A.M.
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