« La Chine de René Laubiès II/II »
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Le taoïsme a nourri la vie de René Laubiès comme son œuvre. Il a incrusté dans la couverture des écrits de Lao-Tseu, le livre de chevet dont il ne s’est jamais séparé, un de ses petits tondos bleus, une forme ronde qu’il affectionnait, réceptacle de l’union du Yin et du Yan.
Sa captation de la source et de l’écoulement de l’univers, ses longues méditations sur les bords de mer, devant les spectacles mouvants de l’eau et du ciel, ses couchers de soleil sont en accord avec les préceptes de Lao-Tseu, sans démonstration, et avec très peu de formes illustratives.
Dans le catalogue de l’exposition du musée des Sables-d’Olonne, en 2019, Judith Delfinet, historienne d’art, montre la contradiction apparente d’une peinture à la fois d’après nature et mentale, paradoxe qui se trouve déjà dans l’observation attentive de la nature et sa transcription réalisée « à la lumière de l’esprit », à l’époque Song. Il faut de toute nécessité qu’une intime union se réalise entre l’esprit et le sujet traité ; s’il en va autrement, la réalité du monde ne sera pas mise en pleine lumière ( Guo XI).
Laubiès a pris l’habitude, durant les longs mois de notre hiver, de peindre en Inde où il trouvait la liberté qu’il recherchait, y compris d’échapper aux contraintes financières qui obligent à fournir des œuvres. Il méditait longuement jusqu’à ce qu’une forte émotion lui donne l’énergie de faire éprouver les plus légères vibrations du monde.
J’ai reçu, quelques mois après sa mort, une enveloppe qui avait subi les retards de la poste indienne. À l’intérieur : une longue photo découpée horizontalement, avec seulement écrit au dos : ma plage.
A.M.