Regard sur Michel Macréau

Michel Macréau, « Couple », 1964, encre de Chine sur papier, 51 x 37 cm

Michel Macréau questionne l'ambivalence du sentiment amoureux

Un couple enlacé, ne faisant qu’un, occupe la quasi totalité de la surface picturale. L’espace est saturé dans une accumulation poétique d’éléments tantôt réalistes, tantôt imaginaires ou oniriques. On ne peut clairement distinguer qui est la femme de l’homme dans ce dessin, bien que l’artiste ait glissé quelques indices pouvant orienter notre lecture. Ainsi, nous remarquons la poitrine du personnage de gauche, un anneau à son oreille, ainsi qu’une petite fleur qui pourrait symboliser le sexe féminin. Ce personnage fume une cigarette dont la fumée le lie au personnage de droite sur le plan visuel. Son long bras sinueux enlace tendrement le visage de son amoureux.

L’artiste n’est pas dans une recherche de vraisemblance mais plutôt dans le ressenti et la suggestion. L’interaction entre les deux personnages forme une étreinte, faisant de l’oeuvre une sorte de personnification de l’amour entre deux êtres.

En effet, le champ lexical de l’amour est omniprésent : un coeur percé dans l’angle inférieur droit de la composition est le symbole même de l’amour. Les fleurs, peuvent être perçues comme un signe de vie, de renouveau, de fertilité.

En même temps, l’artiste exprime la complexité du sentiment amoureux. Le personnage de droite regarde celui de gauche, tandis que ce dernier regarde lui-même à sa gauche, fuyant le regard de son compagnon (ou sa compagne?). Nous pouvons deviner, en bas, au centre de la composition, un signe qui évoque une cicatrice, désignant les blessures que l’amour déchu peut engendrer.

L’artiste semble finalement montrer l’ambivalence du sentiment amoureux, entre allégresse et souffrance parfois. Mais l’interprétation n’est pas figée, elle est vivante, tout comme le dessin qui paraît s’animer sous nos yeux. Le spectateur est sollicité, invité à donner sa propre interprétation de la scène, par rapport à son expérience du couple, de l’amour, de la vie.

Une douceur complexe émane de ce dessin, synthèse du couple, dont l’écriture picturale très détaillée nous invite inlassablement à le contempler et à le déchiffrer.

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