Au printemps 2024 le Musée d’Art Moderne de Paris a présenté une importante rétrospective de Jean Hélion. Depuis 2016, nous nous sommes engagés sur cette œuvre importante mais encore mal comprise. Nous avons à ce jour organisé trois expositions individuelles, édité et re-édité un catalogue (texte de Henry-Claude Cousseau), écrit de nombreuses chroniques sur son œuvre.
JEAN HÉLION & LA GALERIE
Les peintures et dessins que nous avons sélectionnés, en particulier auprès de sa dernière épouse, Jacqueline, des enfants et petits-enfants de ses précédents mariages, des enfants aussi de quelques collectionneurs très proches de l’artiste, permettent de mieux comprendre la cohérence de l’ensemble de son parcours, de reconstituer les chaînons des périodes les moins comprises, après 1950.
Notre époque a besoin d’Hélion. À travers des sujets simples, modestes, souvent peu flatteurs, Jean Hélion fait aimer la vie, les petites choses que nous voyons, l’Autre, passants, égoutiers, pêcheurs, bouchers, marginaux, dont il anoblit les gestes et les attitudes, souligne le recueillement, les rapports qu’ils entretiennent entre eux et leur environnement.
L’œuvre de Jean Hélion donne du sens et de la chair au « vivre ensemble » sur le lieu où nous sommes. Elle incite à mieux regarder autour de nous, les scènes de rue, la nature, les gens, les choses auxquelles on ne prête guère d’attention et dont Hélion nous fait découvrir la beauté. Il s’adresse autant à nos capacités de rêve qu’à notre capacité d’analyse. Rien de forcé. L’artiste garde un certain recul, souvent teinté d’humour, quelque chose que l’on qualifierait aujourd’hui de « cool ».
Hélion se sentait lui-même très impliqué dans l’histoire de son époque (participation aux avant-gardes dans sa jeunesse, adhésion au Parti communiste puis démission après un voyage en URSS, départ volontaire des États-Unis pour s’engager en 1939, évasion, livre-témoignage pour convaincre les Américains d’entrer en guerre, Mai 68, etc).
Pourquoi malgré la simplicité des sujets, (qui rappellent parfois Jacques Tati), faut-il autant de temps pour comprendre la profondeur de son œuvre ? Jean Hélion est bien, depuis plusieurs décennies, défendu par d’importants historiens de l’art et conservateurs (Abadie, Cousseau, Dagen, Ottinger…).
Mais l’époque n’était pas favorable à la peinture alors qu’il en a exploré toutes les possibilités, abstraites puis figuratives, intégrant ses expériences passées à ses nouvelles recherches.
Les choses changent radicalement depuis le retour de la peinture figurative dans la création contemporaine. Hélion devient la référence. Quelques exemples parmi d’autres : récemment, Olivier Cena l’a mis en évidence dans Télérama, ainsi que les liens entre Hélion et Neo Rauch, né en 1960 à Leipzig, exposé au MO.CO. de Montpellier pour ses compositions énigmatiques et complexes, interrogations sur l’acte de peindre, reprise de certains thèmes.
Un autre artiste allemand, Lüpertz, avait fait découvrir Hélion au musée de Leipzig. Il lui a consacré une partie du discours d’inauguration de sa dernière exposition en France, au musée d’Orléans, et a demandé de rapprocher de ses œuvres un de ses grands triptyques.
Plus récemment, Peter Doig, a souhaité, qu’une ouvre importante d’Hélion soit accroché, à une très bonne place, à l’exposition qui lui consacre la galerie Gagosian à New York fin 2024, à coté d’un Balthus, d’un Bachmann et d’un De Chirico. Il a découvert Hélion durant l’importante exposition à la Royale Académie de Londres, «New Spirit in Painting», 1981. L’exposition du Musée d’Art Moderne de 2024 l’a définitivement convaincu et il lui parait important de mieux faire connaître son oeuvre aux États-Unis.
EXPOSITIONS INSTITUTIONNELLES
1937 Exposition organisée par Marcel Duchamp à la Howard Putzel Gallery, Los Angeles
1937 Le San Francisco Museum of Art expose les œuvres abstraites d’Hélion
1943 Exposition « Hélion. Abstract Paintings », au Arts Club of Chicago
1943 « Hélion. Paintings 1933-1939 », Art of this Century, de Peggy Guggenheim, New York, expose les œuvres de Jean Hélion de 1933 à 1939
1945 Musée des Beaux-arts de Baltimore, œuvres récentes
1964 Peintures de 1928 à 1964, Gallery of modern art, New-York
1970 À la demande de Blaise Gautier, Daniel Abadie organise une rétrospective de Jean Hélion au Grand Palais, Paris: « Cent Tableaux »
1977 « Hélion, les marchés (1972-1977) » au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
1978 au musée Ingres de Montauban: l’œuvre figurative de Jean Hélion de 1928 à 1978
1979 Musée de Saint-Etienne, Peintures et dessins de 1928 à 1979. Même exposition à Strasbourg.
1980 Le Centre Pompidou organise une rétrospective de Jean Hélion à Pékin, Shanghai et Nanchang
1984 « Hélion, peintures et dessins 1925-1983 », au Musée d’Art Moderne de Paris
1984 Abstraktion und Mythen des Alltags, Städtlische Galerie im Lenbauschaus, München
1986 Hommage à Jean Hélion, œuvres récentes à la fondation Guggenheim, à Venise
1987 La Tate Gallery de Liverpool exposition Hélion
1990 Exposition de Hélion au Centre Julio Gonzalez à Valence, Espagne
1991 « Dation, peintures et dessins », Musée national d’art moderne, Paris
1995 Exposition au Musée des Beaux-Arts d’ Orléans
1995 « Helion, la figure tombée », exposition organisée par Sylvie Ramon au Musée d’Unterlinden, Colmar
1996 Même exposition, « Hélion, la figure tombée », au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sables-d’Olonne
2004 Rétrospective Jean Hélion au Centre Georges Pompidou, Paris. Commissaire de l’exposition : Didier Ottinger.
2005 Rétrospective au Musée Picasso, Barcelone
EXPOSITIONS DE JEAN HÉLION À LA GALERIE
2017 « De Jean Hélion à Benard Réquichot »
2018 « Jean Hélion, Rétrospective de 50 tableaux et dessins »
2022 « Jean Hélion, 40 œuvres de 1955 à 1966 »
2024 « Jean Hélion : voir, comment? »
Jean Hélion, Théâtre de chaises, 1980, acrylique sur toile, 97 x 130
Bernard Réquichot, Sans titre, 1956, huile au couteau sur toile, 73 x
Jean Hélion, Dyptique (partie 1), « Suite pour le 11 novembre »,
Trente ans de galerie Jean Hélion, « Toits », 1961, Huile sur toile, 155
Jean Hélion, « Pivoines d’hier et d’aujourd’hui », 1979, huile, gouache, encre
Exposition Portraits, nus, vanités Une quête de l’être depuis 1944 Jusqu’au samedi
Œuvres de Boix-Vives, Dado, Hong, Duvillier, d’Orgeix, Fred Deux, Bazaine, Laubiès, Hélion,
Jean Hélion, « Accordéon pour deux passants », 1965, huile sur toile,