Hommage à Jean Hélion 4/4
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Le rôle de la peinture chez Jean Hélion
Hélion gommait toute subjectivité, pratiquait l’oubli de soi pour mieux voir.
Ses rêves sont plutôt des rêveries pour mieux cerner les choses, en sentir la poésie et la signification profonde aux sources de la mythologie.
« Il faut penser le réel, mais sans s’en éloigner… Il est possible de penser les yeux ouverts… Fouiller le monde, la nature, trouver les signes. »
Son passage par l’abstraction, lui a fourni des outils : « Comme si l’abstraction était une sorte de désignation de la réalité à une autre distance que celle où nous la regardons tous les jours ».
« Trombone pour un peintre », son oeuvre testamentaire, terminée à l’automne 1983, juste avant le couperet de la cécité, est une réflexion autant sur la vie que sur la peinture.
« Mes oeuvres tiennent du ballet, du spectacle, du chant, de l’hymne » a- t-il dicté peu après.
Ses liens avec la musique sont étroits et anciens. C’est dans son grand atelier de l’avenue de l’Observatoire, en 1950, que John Cage et Cunningham se sont produits pour la première fois à Paris.
L’art « chante la raison profonde de vivre, la validité même de l’existence, mesurée en sensation, en rythme, en formes chantées ». Il aide à comprendre, à voir et à vivre.
Mais Hélion joue pianissimo.
Dans « Les Sardiniers » de 1964, de dimension modeste, on sent le rythme des pêcheurs qui se passent les poissons, le geste qui les unit… Et pourtant chacun est concentré, recueilli, donnant à son activité, une profondeur, un sens sacré. La rencontre de l’abstraction et de la figuration de Hélion y trouve tout son sens.
Loin de la violence d’un Bacon pour faire crier la vérité du corps, il voulait « étreindre le réel à deux mains, comme un fruit, pour que la vie en sorte. »
Hélion est un artiste engagé dans son temps, clairvoyant et conscient des risques d’anesthésie que fait peser sur nos vies une société trop axée sur l’image et la consommation ( cf. sa grande mannequinerie de de 1951, exposée actuellement au musée d’art moderne de la Ville de Paris ). Mais plutôt que d’adopter une posture critique qui dénonce, il préfère proposer, créer des œuvres qui nous enchantent et nous conduisent au plus près du réel qui nous entoure, celui des choses et des gens.
« La peinture peut être conçue pour un usage de la vie comme source de formes, comme proposition de liberté… »
N’est-ce pas l’une des plus belles et plus exigeantes définitions d’une oeuvre d’art ?
A.M
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